Consommer bio :
Un acte citoyen pour protéger nos eaux

L’eau : une denrée précieuse

Bien que l'eau couvre 71 % de la surface terrestre, elle demeure une ressource inestimable. En effet, seulement 2,5 % de toute l'eau présente sur Terre est douce, le reste étant de l'eau salée. De cette petite fraction d'eau douce, environ deux tiers se trouvent piégés dans les glaciers. L'autre partie s'infiltre dans des roches poreuses ou fracturées, formant d'immenses réservoirs souterrains appelés aquifères, qui alimentent sources et cours d'eau.

Les réserves annuelles d'eau souterraine renouvelables ne peuvent pas être entièrement utilisées. En effet, elles sont essentielles pour maintenir l'équilibre écologique des eaux de surface. De plus, diverses contraintes technico-économiques peuvent freiner leur exploitation.

Cette ressource naturelle, base de la vie, est pourtant en danger. Même si peu de données existent, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a permis de quantifier via des technologies d’observation de la Terre sur de longues périodes, l’évolution des écosystèmes d’eau douce. Les chercheurs ont sondé plus de 75000 plans d’eau dans 89 pays et ont constaté que plus de 40 %  étaient gravement pollués.

Quelle est la réalité de notre eau en Wallonie ?

En Wallonie, 75% de l'eau potable distribuée dans la région provient des eaux souterraines. Toutefois, 44 % de ces masses d'eau sont aujourd’hui en mauvais état, principalement en raison des activités humaines telles que l'industrie, l'assainissement des eaux usées et l’agriculture .

L’agriculture classique est en effet responsable de les pollutions diffuses dues aux nitrates et aux produits chimiques de synthèse et contribue à la dégradation des eaux. Ces contaminants pénètrent les nappes phréatiques, provoquant une pollution persistante et difficile à traiter.

Pourquoi la qualité des eaux souterraines varie-t-elle entre le nord et le sud de la Wallonie ?

La Wallonie est caractérisée par une diversité de pratiques agricoles qui influencent la qualité de l'eau. La surface agricole utile occupe près de 45 % de la superficie totale de la région, soit environ 745.000 hectares. Cependant, seulement 12,4 % de cette superficie est consacrée à l'agriculture biologique, le reste étant dominé par l'agriculture intensive conventionnelle, largement dépendante des intrants de synthèse.

La répartition géographique des pratiques agricoles en Wallonie explique les différences de qualité des eaux souterraines entre le nord et le sud du sillon Sambre-et-Meuse. Au nord, où les grandes cultures (céréales, pommes de terre, etc.) prédominent, quasi 100 % des masses d'eau sont impactées par la pollution diffuse. Les pratiques agricoles intensives y contribuent largement à la dégradation de la qualité de l'eau.

En revanche, au sud, où les prairies permanentes dominent le paysage, les masses d'eau sont relativement épargnées. Les pratiques agricoles y sont aussi plus durables, ce qui favorise une meilleure qualité de l'eau. Il est également plus facile de convertir les fermes associant élevage et prairies permanentes en agriculture biologique, réduisant ainsi l'impact des intrants de synthèse sur l'environnement.

En quoi l'agriculture biologique constitue-t-elle une solution économique et écologique ?

La transition vers l'agriculture biologique offre une solution efficace pour améliorer la qualité de l'eau en Wallonie. L'agriculture biologique proscrit/interdit l’usage  de pesticides  chimiques de synthèse.. En ce qui concerne les nitrates, de nombreuses études européennes montrent une réduction de 20 à 40 % du taux de nitrates dans les nappes d'eau souterraines grâce à l'agriculture biologique. En effet, seuls les engrais organiques (exemple : fumier, lisier, compost) sont autorisés en bio

Les avantages de l'agriculture biologique ne se limitent pas à la qualité de l'eau. Elle permet également d'éviter les coûts élevés liés au traitement de l'eau. Ces coûts sont estimés entre 3 et 22 €/ha pour les pesticides et entre 8 et 24 €/ha pour les nitrates. À l'échelle de la Wallonie, cela représenterait un coût évité estimé entre 8 et 34 millions d'euros, soulignant les avantages économiques substantiels de cette transition.

Adopter des pratiques agricoles durables et consommer bio est donc un acte citoyen essentiel pour la préservation de notre environnement et de notre santé. La promotion de l'agriculture biologique est un investissement pour notre avenir, garantissant une eau propre pour les générations futures et offrant des bénéfices économiques et sanitaires considérables. Bas du formulaire

Sources :

  • Démystifier le bio, Biowallonie, 2024
  • « Questions (im)pertinentes sur les pesticides dans l’eau wallonne», A.Defourny, Canopea, 2022
  • « L’agriculture biologique, une solution radicale pour améliorer la qualité des eaux souterraines ? », M. Lambert, Projet BiEAUlogique, Valériane mai-juin 2023