État de la biodiversité

Ces équilibres si essentiels sont pourtant fragiles. Les activités humaines ont conduit à de nombreux déséquilibres. Prenons l’exemple des pollinisateurs : en Europe, en seulement 30 ans, 75 % des insectes, y compris ceux essentiels à la pollinisation, ont disparu. Oui, vous avez bien lu : 75% ! Au niveau des oiseaux : une étude conjointe menée par le CNRS, l'Université de Montpellier et le Muséum national d’Histoire naturelle et regroupant au total 51 chercheurs a révélé une diminution de 57 % des espèces d'oiseaux des champs, observée sur une période de 37 ans à travers 20 000 sites dans 28 pays européens.

L’agriculture biologique peut-elle inverser la tendance et favoriser la biodiversité ?

Face à ces enjeux, l'agriculture biologique se présente comme une alternative respectueuse de la biodiversité. Via son règlement européen (RUE 2018/848), elle proscrit l’usage de pesticides chimiques de synthèse et adopte des pratiques agricoles plus durables (travail mécanique des sols, allongement des rotations…). Ainsi, les fermes bio créent des environnements plus favorables à la faune et la flore. Voici comment :

• Absence de pesticides chimiques de synthèse : Les fermes biologiques n'utilisent aucun pesticide de synthèse, ce qui réduit la contamination des sols et des eaux et protège les insectes et autres espèces sensibles. Le bénéfice est double pour les insectes car plutôt que d'utiliser des produits chimiques pour lutter contre les insectes nuisibles, l’agriculteur favorise les prédateurs naturels, comme les coccinelles contre les pucerons.
• Densité de bétail réduite : En Wallonie, par exemple, les fermes bio ont des cheptels moins denses (limitation de 2 UGB/Ha), ce qui diminue la pression sur les ressources naturelles et favorise de nombreuses espèces au sein de la prairie.
• Diversité des cultures : Les fermes bio pratiquent une rotation variée et longue des cultures. En Wallonie, de nombreux opérateurs bio sont des éleveurs avec une proportion importante de prairies et d'autres habitats semi-naturels, tels que des haies et des vergers haute-tige, qui offrent des refuges et des ressources alimentaires pour la faune sauvage.
• Utilisation de semences hétérogènes : Ces semences, caractérisées par une grande diversité génétique, contribuent à la résilience des cultures face aux maladies et aux conditions climatiques changeantes.

Les abeilles : sentinelles de la biodiversité

Les abeilles, qu'elles soient domestiques ou sauvages, jouent un rôle crucial dans la pollinisation des cultures et des plantes sauvages. Malheureusement, leur population est sévèrement affectée par les pesticides chimiques. L'agriculture biologique offre des conditions plus favorables à leur survie et à leur prolifération.

Récemment en France, une équipe de chercheurs a montré que les ruches situées à proximité de parcelles agricoles biologiques produisent jusqu'à 53 % de miel en plus et comptent 37 % de couvain (c’est-à-dire l’ensemble des nymphes, larves et œufs couvés par les abeilles ouvrières) et 20 % d'abeilles adultes supplémentaires par rapport à celles entourées de cultures conventionnelles. Les raisons incluent une plus grande disponibilité en fleurs et en pollen, ainsi qu'une réduction de la mortalité due aux pesticides.

L'agriculture biologique apporte une réponse tangible aux problèmes posés par les pesticides chimiques de synthèse en préservant et en favorisant la biodiversité. En choisissant de consommer des produits issus de l'agriculture biologique, les citoyens peuvent contribuer à la protection des écosystèmes, à la survie des abeilles et autres pollinisateurs, et à la résilience globale de notre environnement. Adopter le bio, c'est faire un pas vers un avenir plus durable et harmonieux avec la nature.